3 points de vigilance pour une vie numérique sereine

Numérique responsable, Mélanie Grospart

En à peine 20 ans, Internet s’est imposé dans nos vies quotidiennes comme un outil indispensable. Le web et le numérique influencent aujourd’hui directement notre vie professionnelle, notre vie sociale et amoureuse, notre relation au savoir, à l’espace et au temps. Nous ne pouvons plus, et nous pourrons de moins en moins nous passer des technologies connectées. Nous devons donc être vigilants et adopter dès maintenant les bons réflexes pour vivre le numérique sereinement.

Maitrise de ses données personnelles, connaissance des lois, et bonnes pratiques, voici quelques conseils et points de vigilance :

 1. Données personnelles, image et vie privée : Sécurisez vos comptes

Formation réseaux sociauxChacun a le droit au respect de sa vie privée, sur Internet comme ailleurs. En France,  la collecte, l’utilisation et le stockage des données personnelles et sensibles sont réglementés. Chacun a donc droit à l’information, droit d’accès à ses données, de rectification, et de suppression de ces dernières, et droit d’opposition à la collecte.

 

 Créez des mots de passe sécurisés

On ne le répètera jamais assez, « 1234 » ou votre prénom sont des mots de passe faciles à mémoriser, mais encore plus faciles à pirater. Les recommandations sont donc d’avoir un mot de passe unique par compte, et mélangeant majuscules, minuscules, chiffres et caractères spéciaux. Ce qui donnerait donc en théorie des mots de passe du genre « Mj-Y76$jB !_jjO »  pas super faciles à retenir… Heureusement, il existe des astuces pour vous créer des mots de passe compliqués mais dont vous vous souviendrez ! Prenons par exemple la méthode de l’acronyme : trouvez-vous une phrase simple. Au hasard : « Cet article est vraiment trop de la balle ». Récupérez les initiales de chaque mot : CAEVT2LB (notez l’utilisation du chiffre 2 pour le « de », hop vous avez votre chiffre !). Ensuite mixez majuscule / minuscule et rajoutez 1 ou 2 caractères spéciaux, et on obtient un mot de passe unique, sécurisé et mémorisable tel que « $CaEvT2!Lb ». Vous pouvez vérifier le niveau de sécurité de votre mot de passe sur le site howsecureismypassword.net.

Apprenez également à détecter les arnaques, les mails et sites de phishing.
Gardez en tête que votre banque ou les impôts ne vous demanderont JAMAIS vos identifiants de connexion ou numéro de CB par mail, encore moins avec un mail bourré de fautes. Vérifiez toujours les adresses d’expédition et les adresses des sites.

En cas de piratage de compte, la CNIL propose une fiche pratique qui détaille la marche à suivre.

 

 Lisez les politiques de confidentialité et conditions d’utilisation

Ou au moins, par pitié, survolez-les. Vous connaissez Snapchat, l’application pour smartphone permettant de partager des photos, vidéos et autres contenus, sensés disparaitre au bout de quelques secondes ? Et bien un changement très récent dans les conditions d’utilisation de l’application soulève pas mal de questions. En effet, jusqu’en novembre 2015, l’utilisateur était propriétaire des contenus qu’il diffusait. Ces derniers étaient stockés le temps du téléchargement, puis effacés (en théorie) des serveurs de Snapchat. Dorénavant, en acceptant les conditions d’utilisation, vous acceptez de ne faire valoir aucun droit concernant la propriété de vos contenus diffusés sur l’application, et vous réservez à Snapchat tous les droits de vos photos/vidéos à partir du moment où ils sont passés sur les serveurs du réseau social. Même si Snapchat assure le contraire, il est difficile de ne pas penser que les contenus ne sont plus supprimés des serveurs, ce qui entre en contradiction avec la raison d’être première de l’application, à savoir des contenus éphémères.
Bien que cette pratique soit courante, notamment chez Facebook, il est rare que les gens aient vraiment conscience des données personnelles et des contenus qu’ils fournissent aux réseaux sociaux (oui, on lit rarement les politiques de confidentialité et les CGU avouons-le).

 

 Configurez vos paramètres de confidentialité

Limitez la visibilité de vos publications à votre cercle d’amis/de contacts dans les paramètres de confidentialité de vos différents comptes sociaux. Faites régulièrement un tour dans ces paramètres, ils évoluent souvent, et ne préviennent pas forcément les utilisateurs.
Twitter et Instagram sont publiques par défaut, mais il est possible de les paramétrer pour les rendre privés (pour Twitter, pour Instagram)
Sur Facebook et sur Google+, il est également possible de créer des listes personnalisées auxquelles vous pourrez diffuser ou non vos publications. Vous pourrez ainsi éviter de spammer vos amis avec votre veille professionnelle, et conserver une e-réputation professionnelle irréprochable en réservant vos photos de soirée à une liste restreinte d’amis proches par exemple. Plus sérieusement, la diffusion de photos de vos enfants est également à réserver à une audience privée, afin de respecter leurs vies privées. En effet personne ne peut vraiment dire ce qu’il adviendra de ces photos dans 1 ans, 5 ans, 10 ans ou 20 ans ?

 

 Vérifiez vos « traces »

Avec plus de 350 millions de photos ajoutées chaque jour sur Facebook, (qui en contient déjà 240 milliards), la question de la maitrise de son image et du respect de l’image des autres s’impose comme essentielle aujourd’hui.
En France, chacun a également le droit d’autoriser ou de s’opposer à la publication et à la diffusion de son image, et d’en demander le retrait. Il est donc interdit de photographier ou de filmer des gens et de diffuser ensuite leur image sans leur accord préalable * (Dans le cas des mineurs, l’autorisation écrite des deux parents est nécessaire).

* ne sont pas concernées les foules, les personnalités publiques (dans la limite du respect de la vie privée), et les situations couvertes par le droit à l’information telles que manifestation, concerts publics, etc.

Avec l’explosion des smartphones, on photographie et on diffuse en temps réel tout et tout le temps. Il est donc nécessaire d’être vigilant concernant ce que l’on partage, mais aussi concernant ce qui est partagé de nous par d’autres.

Alors, googlisez vous ! Une simple recherche sur votre nom vous permettra de contrôler les informations vous concernant présentes sur le web.

Quel recours en cas d’atteinte au droit à l’image ou d’usurpation d’identité ?
Il est possible de saisir gratuitement et en ligne la Cnil pour contester la diffusion de son image en tant que donnée à caractère personnel par un site internet (après avoir demandé sans succès l’arrêt de cette diffusion au responsable du site).
En cas d’usurpation d’identité (utilisation de nom pour souscrire des abonnements, publier sur un profil ou envoyer des mails, faux comptes, etc…) contactez le service téléphonique d’information de la police nationale Info-escroqueries au 08 11 02 02 17 (prix d’un appel local), et déposez une plainte auprès des services de police, de gendarmerie ou du procureur de la République.

Problématique du Droit à l’oubli
Depuis mai 2014, un particulier peut demander directement à Google de supprimer certains résultats de recherche au titre de la législation européenne sur la protection des données sur le formulaire de demande de suppression de contenu.

–    Les demandes sont traitées au cas par cas, et les réponses ne sont pas systématiquement favorables. Il faut savoir que Google reçoit chaque minute environ 1500 demandes… La patience est donc de mise.
–    Plusieurs critères sont pris en compte : contenu considéré comme obsolète, mensonger, très ancien, etc.
–    Si l’information présente un intérêt public (condamnation pénale, escroquerie financière, négligence professionnelle…), il sera plus difficile de faire supprimer un résultat de recherche.
–    Ce déréférencement ne concerne cependant que les versions européennes de Google (google.fr, google.de ou google.es par exemple), et pas google.com.

 

2. Liberté d’expression et droit d’auteur : adoptez une attitude responsable

numérique responsableEn France, chacun a le droit d’exprimer ses idées librement, par tous les moyens qu’il juge appropriés. Cependant, être libre de s’exprimer ne signifie pas être libre d’exprimer tout et n’importe quoi : la diffamation et la désinformation, l’injure, les propos racistes et l’incitation à la haine, l’atteinte à la vie privée, l’apologie du suicide, de l’anorexie, des sectes, etc. sont répréhensibles au regard de la loi, et punis à ce titre.
Internet n’échappe évidemment pas à ces lois. Et il faut savoir qu’il est techniquement facile de retrouver l’identité de quelqu’un tient des propos illicites sur Internet, même si cette personne se cache derrière un pseudo.

 

Vérifiez vos sources

A l’heure de l’instantanéité et de l’infobésité, il peut parfois être difficile de faire le tri parmi le flot d’informations que nous recevons chaque jour.
Qui, (souvent à cause d’une consultation trop rapide de son flux d’actualité facebook ou Twitter), n’a jamais relayé un hoax ou une rumeur ? Nous sommes tous tombé au moins une fois dans le panneau de l’IPhone gratuit ou du titre trompeur d’un article du Gorafi.
Se tromper une fois est humain. En revanche se tromper plusieurs fois peut nuire à votre crédibilité, et donc à votre e-réputation. Ne croyez pas que cette notion de réputation en ligne ne concerne que les webmarketeurs avides de gloire, elle concerne tout le monde. Recruteurs, banquiers, nouveaux amis, tout le monde googlise son prochain.
Lorsque l’on relaie une information, il convient donc de la vérifier. Voici quelques trucs qui vous permettront de discerner facilement le vrai du faux :

  •  Lisez avant de partager

    C’est évidemment la première chose à faire. Cela parait évident, pourtant, bon nombres d’internautes partagent des articles sans les avoir lus au préalable.

  • Vérifiez la date

    Une information fiable et généralement récente. Une information datée de plusieurs années n’est probablement plus d’actualité.

  • Qui est l’auteur et quel est le site qui publie l’information, peut-on contacter l’auteur/le site ?

    On peut généralement trouver ces informations dans les pages « à propos » ou « mentions légales » d’un site ou d’un blog.

  • L’auteur/le site font-ils partie d’une communauté, sont-ils reconnus par cette communauté ?

    Intéressez-vous aux liens présents sur l’article/le site, dirigent-ils sur des sites fiables ? Ces mêmes sites font-ils références à l’auteur/site sur lequel vous avez trouvé votre information ?

  • Lisez les commentaires

    La plupart du temps, des internautes prennent le temps de confirmer ou d’infirmer dans les commentaires les infos publiées. Les commentaires peuvent même être de vraies mines d’information : noms, références précises, liens additionnels…

    Si à l’inverse les commentaires sont constitués de « kikou, trop mdr, loool », alors peut-être faut-il changer de source.

  • Faites votre propre recherche

    Un article affirme qu’une catastrophe a eu lieu et aucun média français n’en parle ? Tapez le nom de la ville dans « Google » (ou autre moteur de recherche), vous devriez y trouver d’autres sources (au moins des sources locales). S’il n’y a aucun résultat, c’est mauvais signe.

    Si l’article cite ses sources, il ne faut pas hésiter à aller les consulter. (D’ailleurs, si l’article ne cite aucune source, ça n’est pas un bon signe. Un auteur/journaliste sérieux cite toujours ses sources).

D’une manière générale, essayez toujours d’avoir du recul, prendre le temps d’analyser l’information. Rappelez-vous que beaucoup de sites jouent la carte de l’émotion avec des titres d’articles accrocheurs, le but étant bien sûr de faire un maximum d’audience. Ne vous laissez pas avoir !

 

Respectez le droit d’auteur

En France, toute œuvre, dès lors qu’elle est matérialisée, originale et qu’elle est l’expression de la personnalité de l’auteur, est automatiquement protégée par le droit d’auteur. Et ce, sans aucune formalité, et dès sa création.

Sont concernés :
– Les œuvres littéraires : livres, journaux, pièces de théâtre…
– Les œuvres d’art : peintures, sculptures, photographies, images numériques…
– Les monuments
– Les œuvres musicales et audiovisuelles : musiques, films, dessins animés, émissions tv…
– Les créations informatiques : logiciels, sites web, jeux vidéo…

Ne sont PAS concernés :
– Les idées, les concepts, les écrits officiels, certains écrits de presse (dépêches de l’AFP), les caricatures et parodies, les citations, les œuvres « tombées dans le domaine public » (dont les auteurs sont morts depuis plus de 70 ans), les œuvres libres de droits

Vous ne pouvez donc pas utiliser tout ce que vous trouvez sur Internet, car non, ce n’est pas parce que c’est sur internet que c’est libre de droit. La plupart des contenus sont protégés par le droit d’auteur, et il faudrait, en théorie, avoir l’autorisation de l’auteur pour pouvoir diffuser et utiliser une photo, une image, ou un texte. Dans les faits, le minimum est de citer les sources et auteurs des images/photos/textes qu’on partage.

Attention également à la diffusion de photos personnelles, voici quelques exemples qui illustrent bien la complexité du droit d’auteur :

– Si vous diffusez une photo de la Pyramide du Louvre que vous avez prise vous-même, vous devez verser des droits à son architecte (Ieoh Ming Pei. ) au titre du droit d’auteur portant sur les monuments.

– Le propriétaire d’un tableau n’est pas propriétaire de l’œuvre mais juste de la toile qu’il a achetée. Il a le privilège de l’admirer à loisir mais il ne peut théoriquement pas diffuser sa photo sans autorisation, si l’artiste n’est pas mort depuis 70 ans.

– Vous pouvez photographier et diffuser vos photos de la Tour Eiffel prises en journée mais pas la nuit, car c’est la société d’éclairage du bâtiment qui dispose du droit de création.

Comme on le voit au travers de ces exemples, théorie et faits ne se rejoignent pas forcément, dans la mesure où il est difficile de contrôler la masse d’informations et de contenus partagés sur Internet chaque minute. Chacun se doit donc d’avoir une attitude responsable et respectueuse, en vérifiant les droits des contenus qu’il diffuse.

Bon à savoir également, Google image ou Flickr proposent des filtres dans la recherche avancée, qui permettent de sélectionner les images en fonction des droits qui y sont liés.

Il existe numérique responsable : creativ commonségalement des solutions alternatives légales pour les personnes souhaitant libérer leurs œuvres des droits de propriété intellectuelle standard, qui peuvent être trop restrictifs. Comme Creative Commons, qui est une organisation à but non lucratif dont le but est de faciliter la diffusion et le partage des œuvres tout en accompagnant les nouvelles pratiques de création à l’ère numérique.

 

3. Tablettes et Mobiles : ayez les bons réflexes pour la sécurité de vos données

Nous sommes de plus en plus mobiles dans nos usages internet. Tablettes et smartphones sont devenus des objets de la vie quotidienne, et s’accessoirisent de plus en plus d’objets connectés. Fonctionnants la plupart du temps via des applications en wifi ou en 3 ou 4G, ces terminaux sont une mine de données précieuses (identifiants de comptes, codes de carte bleue, informations personnelles, etc.) facilement accessibles à bon nombre de gens, à moins de suivre quelques règles d’usages simples :

  • Désactivez la géolocalisation quand elle n’est pas nécessaire

  • Les wifi publics ne sont pas sécurisés, et sont TRÈS facilement hackables. Évitez donc les consultations bancaires et autres opérations sensibles si vous devez vous y connecter.

  • Investissez dans une application de sécurité fiable. Votre ordinateur possède un antivirus, un antispyware, un antimalware, etc ? Votre smartphone ne mérite-t-il pas lui aussi d’être protégé ?

  • Enregistrez vos sites favoris ou utilisez les applications officielles afin d’éviter les sites de pishing

  • Ne divulguez pas trop d’infos aux applications, vérifiez les demandes d’accès à vos données qu’elles demandent (20% des applis pour enfants ne respectent pas la confidentialité)

  • Ne téléchargez que des applications de confiance (beaucoup d’applications gratuites contiennent des adwares ou des malwares)

  • Désactivez les achats dans les applications (aucune confirmation n’est demandée par défaut pour les achats dans les applications. Quand on a des enfants, on peut vite se retrouver avec une facture de 100€ pour des cacahouètes dans Farmville)

  • Utilisez les options de verrouillage intégrées

  • Désactiver l’option de partage et de connexion automatique

  • Activez le nettoyage de votre appareil à distance ou installez une application de nettoyage à distance

  • Faites des sauvegardes régulières

 

Cet article, certes un peu long, a pour but de vous faire prendre conscience que chacun de vos actes sur internet et sur votre smartphone a des conséquences.
Étant données la vitesse des développements technologiques en matière d’objets connectés, nous ne pouvons et nous ne devons plus ignorer les implications que peuvent avoir nos usages numériques. La technologie connectée peut-être une formidable opportunité dans le développement des connaissances, la communication et la création, mais elle peut aussi, selon les usages que l’on en fera, dériver vers des pratiques discutables, voire malsaines. Je vous conseille d’ailleurs à ce sujet l’excellente série anglaise Black Mirror.

A nous d’adopter une attitude responsable, éthique et civique dans nos usages numériques. Ne serait-ce que pour donner le bon exemple à nos enfants.

About the Author: Melanie Grospart

2 Comments

  1. Pierre Osella

    Joli panorama, bien utile au grand père que je suis, merci. Je fais suivre autour de moi.Pierre O.

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